ACCORD DE TOUT
Bonjour,
Quand on écrit :
tout à sa joie
et que le sujet est féminin, écrit-on toute ?
Merci, cordialement,
Elle en a profité tout à son aise signifie j’en ai profité entièrement à mon aise. « Tout » est un adverbe d’intensité qui vient modifier la locution adverbiale à l’aise – à son aise
Je suis toute à ma joie signifie toute ma personne est à ma joie : « toute » est adjectif attribut comme vous l’a dit PhL
Bonjour Electra78.
Oui, vous avez raison « tout », adjectif, est attribut du sujet et s’accorde avec lui.
Bonne journée.
Même s’il y a « à » après ? Car je sais que « tout » devant une voyelle se met au masculin.
Et si on dit : « j’en ai profité toute à mon aise » on écrit tout ou toute pour un sujet féminin ?
Dans ce cas, tout est adverbe et ne s’accorde pas.
Bonsoir Electra,
Tout suivi d’un complément prépositionnel (tout à, tout de, tout en…)
1° J. Hanse* (1994 : 894-895) : « L’usage est hésitant : il traite parfois tout comme un adverbe, beaucoup plus souvent comme un adjectif détaché. On peut profiter de cette latitude… Ils sont tout à leur devoir ; ils sont tous à leur devoir. Colette écrit : Elle était tout à son souci, puis croit devoir corriger : Elle était toute à son souci. Mme Gallimard qui était tout à la joie des vacances… » Etc.
* Pour moi : le meilleur grammairien contemporain.
2° Le Bon usage actuel**
Tout
La belle liqueur de flamme rose s’en allait toute dans le gosier de ces garnements (Lettres moulin, p. 84). , — Elle était toute à chacun et toute à tous (Cathédrale, p. 34). , — Je suis toute à vous* (Jean d’Agrève, p. 154). , — Elle demeurait sérieuse et impassible, toute à son travail (Pays sans ombre, p. 68). , — Elle était vêtue toute en blanc (Porte étroite, p. 149). ,
** Selon moi : la meilleure grammaire française actuelle
3° Le TLFi, art. TOUT,
a) adv. :
En fonction d’attribut] Tout le premier, toute la première, tous les premiers. V. premier I A 7 empl. subst.
4. [Inv., suivi d’un syntagme prép. à valeur d’adj., avec à, de, en] (Être) tout en fleur(s), tout en eau*, tout en larmes, tout en nage, tout en pleurs (v. pleur), tout en sueur. Au même moment, un coup de tonnerre éclata avec un bruit affreux, et une lumière aveuglante dont la chambre parut tout en feu (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 318). Devant les cagnas, le capitaine veillait seul, grand corps maigre, tout en jambes (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 52). Ce livre a été pour son auteur une ascension vers les sommets d’une poésie intérieure tout à lui (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 241).
b) Idem, adj. ind. :
[En fonction d’attribut]
(Être) tout(e) à qqc. Être entièrement pris par. Pour l’instant, elle était toute au rire qui l’avait saisie, quand, en sa présence, j’avais roulé à terre (BENOIT, Atlant., 1919, p. 180).
4° Le Grand Robert***, art. Tout, adj.
REM.Dans cet emploi, tout, adjectif, équivaut à tout entier, et se distingue par le sens de tout, adverbe. Cf. Je suis toute à vous (→ ci-dessous, cit. 22, France) et je suis tout à vous (→ ci-dessous, IV., 1., b), qui, lorsque c’est une femme qui parle, peuvent avoir des valeurs très différentes. [Effectivement ! ] 🙂
© 2017 Dictionnaires Le Robert – Le Grand Robert de la langue française »
*** Mon dict. préféré, car il est mis à jour très régulièrement (alors que le corpus du TLFi date d’un demi-siècle).
Ma conclusion : avec tout à, Hanse, le Bon usage, le Grand Robert ((et même le TLFi, dans le sens de « être entièrement pris par », ce qui se rapproche beaucoup de (être) tout(e) à sa joie)) admettent l’accord en genre (tout, toute), qui correspond au surplus à l’usage dominant (cf. Hanse), je vous propose d’écrire : Elle est toute à sa joie (puisque vous dites de surcroît qu’il s’agit d’une femme).
Bonne soirée.