Incise : tirets ou parenthèses dans un récit
Bonjour,
j’éprouve, dans le récit que je suis en train d’écrire, un doute quant à la bonne ponctuation à adopter. Parenthèses ou tirets en guise d’incise ? La phrase en question est la suivante :
« Car s’il est vrai que de ce monde, rien ne m’arrive par une voie que je puis prendre en retour (mais ce qu’il m’arrive, arrive-t-il jusqu’à moi ? Me rencontre-t-il jamais ?) La force qui m’y tient à distance, pour une raison inconnue de lui, ne me tue pas. »
Merci
Encadrant une phrase ou un segment de phrase, les tirets jouent le même rôle que les parenthèses
Voyez ce site :
LA PONCTUATION – Les tirets
Mon point de vue personnel : pour une digression un peu longue, je préfère les parenthèses. Je réserve les tirets pour une simple et courte remarque ou à l’intérieur d’une parenthèse si je fais une digression dans la digression : à user avec modération cependant…
Et : les parenthèses et les tirets ayant -et pour cause- une apparence différente, on peut avoir envie d’une forme ou d’une autre. J’ai d’ailleurs en tête un passage de Proust où la parenthèse fait calligramme, évoquant les parois d’un aquarium :
Et le soir ils ne dînaient pas à l’hôtel où, les sources électriques faisant sourdre à flots la lumière dans la grande salle à manger, celle-ci devenait comme un immense et merveilleux aquarium devant la paroi de verre duquel la population ouvrière de Balbec, les pêcheurs et aussi les familles de petits bourgeois, invisibles dans l’ombre, s’écrasaient au vitrage pour apercevoir, lentement balancée dans les remous d’or, la vie luxueuse de ces gens, aussi extraordinaire pour les pauvres que celle de poissons et de mollusques étranges (une grande question sociale, de savoir si la paroi de verre protégera toujours le festin des bêtes merveilleuses et si les gens obscurs qui regardent avidement dans la nuit ne viendront pas les cueillir dans leur aquarium et les manger). En attendant, peut-être parmi la foule arrêtée et confondue dans la nuit y avait-il quelque écrivain, quelque amateur d’ichtyologie humaine, qui, regardant les mâchoires de vieux monstres féminins se refermer sur un morceau de nourriture engloutie, se complaisait à classer ceux-ci par race, par caractères innés et aussi par ces caractères acquis qui font qu’une vieille dame serbe dont l’appendice buccal est d’un grand poisson de mer, parce que depuis son enfance elle vit dans les eaux douces du faubourg Saint-Germain, mange la salade comme une La Rochefoucauld.
Marcel Proust – A l’ombre des Jeunes Filles en fleurs
Merci de votre réponse, l’usage de parenthèses me paraît aussi plus adéquat
Bonjour,
Il convient d’utiliser ici des tirets dits « de dialogue intérieur ».
Règle donnée par le Traité de la ponctuation française de Jacques Drillon (Gallimard, 1990, p. 331) :
« Lorsque l’auteur présente une objection à ce qu’il vient d’avancer, il emploiera le tiret. De même, s’il dialogue avec lui-même ou feint d’engager la conversation avec le lecteur. »
Merci de votre apport. Ces tirets dits « de dialogue intérieur » sont-ils donc des tirets classiques?