Influence de la virgule
« On imagine sans effort la mélodie qui accompagne cette phrase de triomphe, sans trop savoir s’il s’agit bien là de l’air des lampions, connu de tous et attribué à une musique assez peu mélodieuse. »
La place des deux virgules, et notamment la seconde, ne justifierait-elle pas l’accord de « connu » et de « attribué » avec « la mélodie » ? :
« On imagine bien sans effort la mélodie […], sans trop savoir s’il s’agit là de l’air des lampions, connue de tous et attribuée à… »..
N’aurait-il pas mieux valu : « On imagine bien sans effort la mélodie […], sans trop savoir s’il s’agit là de l’air des lampions connu de tous et attribué à… » ?
« L’air des lampions » est une expression en soi : il s’agit d’un ou de quelques mots répétés sur quelques notes : « Remboursez ! Remboursez ! », « Un discours ! un discours ! » sont assez typiques. L’effet est effectivement peu mélodieux. Cela explique donc que l’accord se fasse au masculin singulier, avec cet « air » et non avec « la mélodie ».
Quant à la seconde virgule, je n’y vois rien à redire : le groupe qualificatif est long et comporte un « et » ; il est donc justifié de reprendre sa respiration après « lampions » et cela ne modifie pas le sens de la phrase. En revanche, on ponctuerait plutôt : « [… ] l’air des lampions bien connu de tous. » Affaire de style plus que de règle…
Bonjour,
INCIDENTE : Une incidente est, dans sa définition traditionnelle, une proposition qui s’insère dans une phrase à la manière d’une parenthèse, pour y glisser une notation accessoire. Elle se détache du reste de la phrase, soit par des virgules soit par des tirets.
Ce guitariste – tous en conviennent – est excellent.
Il faut, soyons réalistes, réduire nos dépenses.
Il faudra, croyez-en mon expérience, renoncer à ce projet.
Remarque:
L’incidente peut être retranchée de l’énoncé sans affecter le sens de la phrase.
J’écrirai donc:
« On imagine sans effort la mélodie qui accompagne cette phrase de triomphe, sans trop savoir s’il s’agit bien là de l’air des lampions, connuE de tous et attribuéE à une musique assez peu mélodieuse. »
Si l’on supprime l’incidente «sans trop savoir s’il s’agit bien là de l’air des lampions», on ne change rien au sens de la phrase.
L’air des lampions n’est pas un air, mais une scansion qui accentue une syllabe sur deux, la première et la dernière portant systématiquement un accent tonique. Il exige donc un nombre impair de syllabes, trois au minimum, comme dans le cri poussé à l’origine : « des lampions ». Lorsque la formule a un nombre pair de syllabes, ou se décompose en un nombre pair et impair de syllabes, les deux premières sont accentuées : « On va gagner », « On est les champions ». C’est le rythme naturel de la scansion binaire, et les slogans à trois syllabes sont symptomatiquement les plus nombreux sur l’air des lampions.
Jean-Claude Bologne ─ Historien.
Personnellement je trouve les deux virgules justifiées et bien placées et je ne trouve rien à redire à l’accord en question.
C’est plutôt « attribué » qui me semble ne pas convenir.
Pour ce qui est de la deuxième proposition, je ne la perçois pas comme une parenthèse mais comme la suite de la phrase [ on imagine… sans trop savoir ], signifiant « sans trop savoir si cette mélodie est bien l’air des lampions ».
La troisième proposition vient dans sa continuité : « (sous-entendu « qui est ») bien connu de tous… »
À mon sens, c’est l’air des lampions qui est connu de tous et « apparenté à », « assimilé à » ou « considéré comme » une musique assez peu mélodieuse.
Tout compte fait j’estime que les deux sont possibles.
Cependant, connu semble plus évident ; l’accord est correct, ne serait-ce que parce que le mot mélodie est très en arrière.