Deux-centième ou deux centièmes
Je suis utilisatrice de la plateforme projet-voltaire et je m’interroge sur une des explications concernant l’usage ou non de trait d’union pour les locutions « les deux centièmes » ou « le deux-centième ».
En effet, il est écrit « Dans le second cas, le trait d’union est de rigueur… avec un exemple entre parenthèses sans trait d’union ( la deux centième page) : il y a forcément une subtilité qui m’échappe sur le choix de cette présentation d’explication…
Suivant une formation en orthographe en parallèle, j’ai demandé à ma formatrice ce qu’elle en pensait et son astuce pour connaître la bonne orthographe. Sa réponse a été la suivante :
– 1er cas : centième est un nom (comme un dixième, un millième)
– 2e cas : deux-centième est un adjectif ordinal, comme par exemple deuxième, troisième. Dans ce cas les nombres sont reliés par des traits d’union, comme ils le sont depuis la réforme, qu’ils soient multipliés ou additionnés.
Cependant au fil de mes entraînements, je n’ai pas réussi à mettre en application ce raisonnement, par ex : la deux centième fois ou encore la deux centième représentation n’ont pas de trait d’union… Ne s’agit-il pas d’adjectifs ordinaux dans ces exemples ?
Bref je n’arrive pas à appliquer de règle pour l’usage ou non du trait d’union, pourriez vous m’éclairer davantage ?
Merci pour votre réponse
Les règles — orthographique ou typographiques — régissant l’écriture des nombres en lettres sont nombreuses. Vous pouvez consulter notamment les Règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale (Chapitre Fraction). Je ne réponds qu’à votre question , sans déborder sur d’autres thèmes.
Cas des fractions :
Jamais de trait d’union entre le numérateur (n/d) et le dénominateur (n/d) d’une fraction exprimée en lettres. Le dénominateur peut en revanche inclure un trait d’union. Il faut donc se garder de confondre fraction et dénominateur : les cinq centièmes (5/100 = 5 %), un cinq-centième (1/500 = 0,2 %).
Cas des ordinaux :
On reprend la graphie du cardinal correspondant : « la deux-centième page ».
Plus généralement, depuis 1990, la nouvelle graphie permet de mieux distinguer les différents cas de figure :
— quarante-et-un tiers
(41/3) de quarante et un tiers
(40 + 1/3), ;
— mille-cent-vingt septièmes
(1120/7) de mille-cent vingt-septièmes
(1100/27), de mille cent-vingt-septièmes
(1000/127), ou encore de mille-cent-vingt-septième
(1127e).
Alors pourquoi un problème lors de vos exercices ? Parce que le Projet Voltaire n’applique pas les règles modifiées depuis 1990. C’est un choix assumé, mais qui risque de devenir problématique au fur et à mesure de la diffusion de ces règles, dont certaines sont de bon sens ou logiquement fondées. Le présent exemple illustre bien la difficulté dans le précédent système, qui ne liait les chiffres par un trait d’union que jusqu’à cent. La raison en était qu’on n’était censé écrire en lettres que les petits nombres, grosso modo ceux à deux chiffres… Les autres se composaient en chiffres.
Je n’ai pas les exercices de la plate-forme sous les yeux (je vais les chercher) mais en effet :
1) deux-centième est un adjectif ordinal : il est classé deux-centième (200e)
Autre exemple : mille-cent-vingt-septième (1127e)
==>trait d’union de rigueur
2) centième est un nom (comme un dixième, un millième), il figure dans une fraction sans trait d’union entre le numérateur et le dénominateur.
2/100 : deux centièmes
1120/100 : mille-cent-vingt centièmes
A suivre…
Après vérification, le Projet Voltaire propose d’écrire « deux centième » ordinal sans trait d’union. Aucune orthographe n’est fautive puisque la « réforme » est une proposition et non une obligation , mais là pour vous c’est en effet plus difficile à suivre.
Joëlle,
Heureux de voir que vous appliquez au moins une règle issue des réformes de 1990.
Auparavant, 1120/100 s’écrivait mille cent vingt centièmes, ce qui était moins lisible, voire ambigu dans d’autres cas…
Oui vous avez raison, mais c’est bien la seule !
Je n’avais pas noté que vous étiez un fervent des rectifications de 1990 …
Pas fervent, juste pragmatique.
Prises une par une – certaines existaient d’ailleurs bien avant 1990 – elles n’ont rien de répréhensible.
Mais, comme d’autres sujets, la question devient vite idéologique et cela tue le débat. En tant que correcteur, je dois faire un choix cohérent et constant pour les ouvrages. Sauf contre-indication de mon commanditaire (très rare), j’applique la quasi-totalité des nouvelles règles. D’ailleurs ce sujet est très marginal dans les échanges avec les éditeurs ou les auteurs, les questions d’expression et de style étant nettement plus importantes. Sans parler de la typographie et de la mise en pages, qui représentent la moitié du travail…
Que Projet Voltaire n’applique pas les règles modifiées depuis 1990 peut s’entendre, par contre indiquer qu’un trait d’union est de rigueur et ne pas l’appliquer aux exemples, c’est un peu déstabilisant et contre-productif. Il suffirait de préciser que deux orthographes coexistent dans certains cas (avec éventuellement, une préconisation pour l’une ou l’autre)
En tout cas, merci pour vos éclaircissements.
Bonjour,
Voici un site qui pourrait éventuellement vous aider à clarifier les inepties de cette réforme.
Je me permets de reposter le message de l’ami SD parce que le problème signalé dans son message n’a pas été réglé. Ce qui est problématique puisque que le Projet Voltaire vend ses services aux universités, et que, utilisé dans ce cadre-là, une note finale en dépend.
« Que Projet Voltaire n’applique pas les règles modifiées depuis 1990 peut s’entendre, par contre indiquer qu’un trait d’union est de rigueur et ne pas l’appliquer aux exemples, c’est un peu déstabilisant et contre-productif. Il suffirait de préciser que deux orthographes coexistent dans certains cas (avec éventuellement, une préconisation pour l’une ou l’autre)
En tout cas, merci pour vos éclaircissements. »
Merci de régler ce pb. C’est très déstabilisant de lire une règle qui nous recommande de faire le contraire de la correction de l’exercice, surtout quand les règles à appliquer sont aussi subtiles et ont l’aval du champion du monde de l’orthographe. Aussi aucun dispositif de signalisation des erreurs n’est prévu.
Cordialement.
Sur la plateforme Voltaire les réponses proposés vont à l’encontre de la règle donnée
Si vous êtes certain de cela, n’hésitez pas à le signaler directement au Projet Voltaire en utilisant la rubrique « contact ». Notre ami Projet Voltaire ne se montre pas beaucoup sur ce site.
Bonjour SD,
La règle telle que je l’ai trouvée dans le Projet Voltaire n’est pas tout à fait présentée comme vous l’avez citée :
« On se gardera de confondre, par respect pour l’arithmétique autant que pour la grammaire, les « deux centièmes » (2/100) et le « deux-centième » (1/200). Dans le premier cas, « centième » est un nom qui suit un adjectif numéral cardinal : le trait d’union ne s’impose pas, et d’ailleurs on n’en met jamais entre le numérateur et le dénominateur d’une fraction. Dans le second cas, le trait d’union est de rigueur car l’adjectif numéral ordinal correspondant au cardinal « deux cents », qui n’en prend pas d’habitude (la deux centième page), est ici substantivé. »
C’est peut-être un peu confus je vous l’accorde, mais je ne vois là rien de faux.