Accord participe passé devoir
Bonjour,
Je n’arrive pas à savoir si devoir s’accorde dans ce cas présent :
Les journées que nous avons dues annuler
ou
Les journées que nous avons dû annuler.
Nous ne sommes pas d’accord dans mon entourage. De mon côté, COD avant avec avoir donc accord.
Je vous remercie pour votre aide
Bonjour,
Aïe, pas de chance, on ne fait pas l’accord. 🙂
Dans Nous avons dû annuler les journées (portes ouvertes), journées (portes ouvertes) n’est pas COD de devoir, mais de annuler.
Le COD de devoir est annuler les journées.
Dans les journées (portes ouvertes) que nous avons dû annuler, le COD n’étant placé avant l’auxiliaire, il n’y a pas d’accord.
Un autre exemple :
Les sommes que nous avons dû rembourser : même cas que ci-dessus, donc pas d’accord.
Il a toujours remboursé les sommes qu’il a dues* : ici, que mis pour les sommes est bien le COD de devoir, il est antéposé, on fait donc l’accord.
* le passé composé est un peu limite, mais on l’acceptera pour les besoins de l’illustration.
Je trouve tout de même un peu étranges certains votes négatifs : ma réponse, qui est correcte (donc qu’est-ce qui justifie ce voire ces votes négatifs ?), se retrouve reléguée en fin de page. Dans la mesure où le principal intéressé l’a lue, ce n’est pas gênant, mais pour d’éventuels autres lecteurs, je trouve ça un peu dommage.
N’y prêtez pas trop attention et surtout ne cherchez pas à comprendre. N’importe qui peut mettre une évaluation…
Oui, ce sont les limites du système. Elles sont manifestement vite atteintes . Je ne suis a priori pas partisan de ce genre de systèmes, mais j’avais la très grande naïveté de croire que sur ce genre de sites, les dérives et les biais seraient moins forts que sur d’autres, plus « trash ».
Je n’interviens plus que rarement sur ce site, mais je pense utile de le faire dans ce cas, notamment à l’attention de @mis-en-trope dont les réponses sont régulièrement de qualité. Ce type de question revient régulièrement avec d’autres verbes et il faut y regarder à deux fois pour d’autres cas.
Malgré les apparences, l’accord n’est en effet pas ici une affaire de C.O.D. mais de structure même de la langue : « devoir » joue ici le rôle de semi-auxiliaire ce qui lui confère l’invariabilité à l’instar des purs auxiliaires être ou avoir. Il s’agit d’une unité de sens indissociable de l’infinitif associé.
Peu importe donc l’ordre des mots. On a d’ailleurs différentes structures concernées :
– Avec C.O.D. : aller, devoir, croire, désirer, devoir, laisser, oser, paraître, penser, savoir, sembler, venir, vouloir ;
– Avec C.O.I. : avoir à, apprendre à. commencer à, donner à, finir de, permis de, prévu de, venir à, venir de ;
– Pronominales : s’entendre, se voir, se sentir, s’imaginer et bien sûr se faire et se laisser.
Les explications avec C.O,D. sont tortueuses même si le résultat est souvent le même. L’approche par le semi-auxiliaire (pas toujours bien caractérisée par les grammairiens) a l’avantage d’être simple. limpide et générale.
Oui vous avez raison de soulever ce point, notamment pour la raison de simplicité que vous évoquez, également parce que votre analyse correspond à l’analyse qui est très certainement la plus fréquente.
Néanmoins, je me permets de signaler une analyse alternative – qui considère que dans cette acception devoir garde son sens plein et n’est par conséquent pas auxiliaire, contrairement aux cas où il signifie la probabilité -, notamment parce que c’est celle qui est enseignée actuellement au sein de l’Education nationale, ainsi peut-on trouver dans cet ouvrage de préparation au CAPES :
Il est certain qu’une analyse sémantique doit précéder le traitement du problème d’accord.
Mais si vous regardez la liste (non exhaustive) des verbes que j’ai cités, vous verrez que l’outil semi-auxiliaire est souvent sous-utilisé dans les raisonnements sur les questions les concernant (j’ai cinq ans d’expérience soutenue de ce site).
Ma réponse est générique et vise à inciter les contributeurs à plus l’utiliser car ce n’est quasiment jamais le cas. L’obsession du C.O.D. dans la culture grammaticale française (c’est quasiment la seule) amène à des torsions du raisonnement. Mais c’est un autre débat…
J’entends tout à fait votre point de vue. 🙂
Merci beaucoup pour la réponse. Très claire !
Super ! 🙂
Bonjour,
J’ai passé le verbe devoir (dû) au crible des critères de la semi-auxiliarité donnés par la grammaire qui est selon moi la troisième meilleure grammaire française actuelle après Le Bon usage et La grammaire méthodique du français, en l’occurrence Le Grevisse de l’étudiant. CAPES ET AGREGATION DE LETTRES (2018). J’ai abouti à la conclusion que l’on est ici en présence de C.O.D, et non d’un semi -auxiliaire.
Voulant être convaincu que je ne faisais fausse route, j’ai consulté l’Académie française. Son Service du Dictionnaire (Patrick Vannier, agrégé de grammaire) vient de me répondre ceci :
Aujourdui à 9 : 32
« Monsieur,
Journées est le C.O.D. d‘annuler. Ce dernier est le C.O.D. d’avons dû.
Cordialement,
Patrick Vannier »