En (sens spatial) peut-il être suivi d’un pluriel ?
Bonjour, et tous mes vœux pour cette nouvelle année,
Un contributeur qui est intervenu dans un récent fil (que je mettrais bien en lien, mais il semble avoir été supprimé) m’a dit : « Vous ne pouvez pas écrire « en bordS » : après « en » il faut obligatoirement un singulier. »
Il me semble pourtant que rien ne s’ oppose à faire suivre en d’un pluriel, le cas échéant.
Ce qui – en français contemporain – suit difficilement en, ce sont les déterminants et tout particulièrement les articles définis (bien que l’on puisse en trouver dans certaines locutions figées : en l’espèce, péril en la demeure, en l’honneur de, etc.), mais le pluriel, si le sens le permet voire le demande me parait tout à fait possible. Par exemple :
Ces derniers, selon les enquêtes de l’OVE, représentaient 11,8 % des inscrits en universités
https://books.google.fr/books?id=sDISCwAAQBAJ&pg=PT339&dq=%22inscrits+en+universit%C3%A9s%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwieuM_n5ODmAhUInxQKHd7SBwIQ6AEILDAA
La sexualité en prisons de femmes
http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/livre/?GCOI=27246100500530
Les rangs s’alignent en bordures de rivières, qui fournissaient les voies de communication et les bonnes terres d’alluvions (George1970).
https://www.cnrtl.fr/definition/rang
Qu’en pensez-vous ?
Bonne année Mis-en-trope : Et à tous ceux qui me lisent.
Bien sûr, vous avez raison. J’ai reçu mes invités en pantoufles!
Merci Tara, c’est mieux qu’en chaussettes ! 😀 (Mais ce ne sont pas des lieux. 😉 Ou alors on risquerait d’y être un peu à l’étroit, sans parler d’autres inconforts du genre olfactif.)
Oui. Quoique…
Pour être sérieuse : mes premières recherches n’ont rien donné. Alors je suis allée à la pêche sur la toile.
Ils plantent des osiers en bordures de rivière me paraît très bien. Pourquoi non ? L’exemple que vous citez : il y a une proportion de lycéens qui se sont inscrits en universités : le pluriel sous-entend qu’ils ont choisi des universités différentes.
Une exposition s’appelle En routes.
Menaces en mers du Nord est le titre d’une émission de télévision (sur les mers du Nord et Baltique).
Balade en villes, propose l’office du tourisme du Doubs qui veut faire connaître ses villes :Tout comme la diversité de ses paysages, les villes du Doubs ont chacune une identité bien particulière. A chacune son histoire, sa culture, ses traits de caractère avec un point commun : des cités à taille humaine, chaleureuses et animées.
En terres sauvages est le titre d’une revue
Un Festival a comme nom : En Terres brûlées.
Il semble bien que le pluriel après la préposition de lieu « en » soit assez rare. Suffisamment pour faire l’originalité d’un titre ou d’un nom.
Mais il semble aussi que le pluriel soit correct.
Enseigner en classes hétérogènes – Fréquentation en gares : on sent bien que le pluriel marque une différence de sens.
Je me suis demandé quelle est cette nuance.
Le singulier, parce qu’il est généralisant ignore l’aspect concret de l’expérience ou de l’enquête.
Balade en villes : il ne s’agit pas de n’importe quelles ville – menaces en mers et il est précisé « du Nord » – en terres sauvages nous promet plusieurs terres etc.
La formulation plus courante emploie la préposition « dans » : dans les villes, dans les mers…
J’ai trouvé cette étude très intéressante :
De en à dans, un simple remplacement ? Une étude diachronique | Cairn.info
Après lecture de cet article, je crois qu’on peut dire :
– que ce n’est pas le hasard si nos exemples sont des titres ou des noms qui sont des énoncés généralisant.
– que l’emploi de « en » est une variation stylistique par rapport à « dans » et donne du relief à la formule
Et apparaît justifiée la possibilité de mettre le nom introduit au pluriel puisqu’on est dans un emploi légèrement archaïsant de la préposition : il est employé là où, en langage ordinaire, on emploierait « dans ».
Balade en villes > on va se balader dans les villes
Menaces en mers du Nord > il y a des menaces dans les mers du Nord
En terres sauvages > nous vous faisons entrer dans des terres sauvages
etc.
Très intéressant ! Merci.
En revanche, je ne suis pas certain que l’emploi de en (spatial) soit toujours archaïsant, au contraire, notamment quand il s’oppose non à dans, mais à à, ce qui est le cas avec bord(s) de : au(x) / en bord(s) de.
Par exemple des choses comme affichage / dépôt en mairie supplantent depuis quelques décennies la variante avec à.
ngram pour affichage à la / en mairie
ngram pour dépôt à la / en mairie
Cette inversion n’est pas systématique, mais même quand elle n’a pas (encore eu) lieu, on constate une apparition relativement récente de ce en et sa progression :
ngram pour inscription à l’ / en université
ngram pour déclaration à la / en préfecture
ngram pour en bord de / au bord de
L’absence d’article avec en permet la mise au pluriel du substantif, ce qui là, rapproche en de dans (qui ne peut que difficilement être associé à un article défini singulier pour un emploi générique) :
affichage à la mairie (générique +) >>> affichage en mairie(s) (générique +) >>> affichage dans les mairies (générique +) / affichage dans la mairie (générique –).
Oui. Vous avez raison. J’avais d’ailleurs hésité à employer le terme archaïsant.
Votre remarque est fort juste : « en » + lieu semble reprendre de la vigueur.