Un cocktail, des cocktails
Bonjour
En cette période festive, je me suis retrouvé à devoir écrire « gin-tonic » au pluriel… mauvaise idée. Entre la majuscule (je pense qu’il n’en faut pas), le trait d’union (nécessaire ?) et la place du -s du pluriel, j’ai bien hésité.
Par ailleurs je me suis rendu compte que mettre des cocktails au pluriel me pose bien des interrogations, notamment avec les mots anglais : blue lagoon, bloody mary, white lady, hasta siempre, tom collins, irish coffee. Je sais que les mots d’origine étrangère et francisés s’accordent comme les autres mots en français, mais je ne pense pas que ce soit le cas ici. Alors comment accorder ?
Merci
En vous souhaitant une bonne année
Le Larousse propose un « gin-tonic », des « gin-tonics ».
Il propose aussi « irish-coffee » ou « irish coffee », « irish-coffees » ou « irish coffees ».
Il donne bloody mary » comme invariable.
On peut en dire autant des autres qui sont des mots anglais ou espagnol (blue lagoon, hasta siempre, tom collins).
Je crois qu’il ne sert à rien de les prendre un par un. De plus les dictionnaires peuvent considérer différemment le degré de francisation.
Le mieux, quel que soit le cas (alcools ou autres) ou la langue (anglais, latin, etc.), est de se référer à la règle bien établie des pluriels des mots étrangers ou francisés. Attention, la typographie joue un rôle important !
Expression ou mot totalement francisé :
– Écrit en romain ;
– Accentuation française ;
– Trait d’union ;
– Pluriel français.
Exemple : un cocktail, des cocktails.
Expression ou mot totalement non francisé ou douteux :
– Écrit en italique ;
– Accentuation de la langue d’origine (souvent aucune) :
– Pas de trait d’union ;
– Pluriel de la langue d’origine (encore faut-il bien maitriser celle-ci…) ;
Exemple : des irish coffees,, des blue lagoons.
N.B. Si le pluriel pose un problème, il vaut mieux s’en tenir par prudence à l’invariabilité : des bloody mary (maries serait étrange) ou des gins tonic (inversion anormale adjectif-nom).
Dans tous les cas, usage de minuscules des noms communs. Signalons toutefois que les noms de marque éventuels conservent en général leur majuscule, sauf si l’expression est vraiment tombée dans le domaine public : un vittel-menthe se prépare avec d’autres eaux de source, et ce n’est pas forcément de la menthe à la Vittel…
J’espère que cela éclaircira vos idées pour ce début d’année !
Votre analyse est excellente, votre proposition de démarche aussi.
Cependant, je voudrais faire une remarque :
il n’est pas toujours facile de savoir si le nom est totalement francisé ou pas.
J’aurais du mal à écrire des « blue lagoons », quant à « irish coffee », je le considère comme un anglicisme et je ne mets pas de s au pluriel, malgré le Larousse.
J’ai beaucoup appris de votre réponse.
Merci.
C’est justement parce qu’il est difficile d’apprécier le niveau de francisation que la règle est importante : on pourra choisir ce que l’on veut, sous condition de rester cohérent sur les quatre critères de la graphie choisie. De nombreuses disputes autour de mots courants se règlent pacifiquement ainsi :
– « Des scénarios » ou « des scenarii » (italique, accent et pluriel italien) ;
– « Des talibans » ou « des taliban » (italique, en pachto pluriel de talib et nom collectif sans s au pluriel) ;
– Mozart a écrit des nombreux andantes (forme francisée), mais quelques sublimes andante cantabile (italique, pas de marque de pluriel, pas d’accent).
À mon sens, il s’agit là d’une des plus belles règles de notre langue, car elle permet l’intégration harmonisée, en douceur et de manière intelligente de tout mot ou expression étranger au français, tout en respectant la saveur de l’origine si le besoin s’en fait sentir…
J’ai oublié une dernière spécificité, relative à la prononciation : francisé, le mot se prononce… à la française. Sinon, on doit respecter la prononciation locale. Pas toujours évident : essayez avec andante…
Nous avions déjà eu un échange intéressant à ce sujet.
J’avais fait remarquer à cette occasion que le mot « concerto » étant francisé, il valait mieux dire et écrire « des concertos » que « des concertii » à laisser aux pédants présentateurs de France musique.
En revanche, je suis d’accord pour dire et écrire des andante cantabile comme on écrira des allegro vivace, par exemple.
Je garde comme références votre commentaire.
Oui merci beaucoup, bien intéressant, surtout pour la typographie, j’ignorais totalement cette différence pour les non-francisés
Oui, cela aide aussi pour les expressions latines. On écrit soit « des à-prioris » soit « des a priori » . C’est la même règle…