Figure de style
Bonjour
Je ne sais pas comment on nomme la figure de style qui consiste à réduire le substantif à son adjectif
Ex: texte de Celine: On choisit parmi les rêves….pour moi ….les cochons ( en parlant des rêves côchons)
Est ce qu on peut voir un hypallage dans en plein pardon tiède qui pourrait être en fait un plein pardon?
Est ce que des qualificatifs contrastés tels que par ex fragile et ferme sont une antithèse ou seulement une opposition ?
En vous remerciant
Pour ce qui concerne « plein pardon tiède » je ne vois ici aucun rapprochement de termes opposés.
Voici le passage concerné (Céline, Voyage…)
Il faisait dans ce cinéma, bon, doux et chaud. De volumineuses orgues tout à fait tendres comme dans une basilique, mais alors qui serait chauffée, des orgues comme des cuisses. Pas un moment de perdu. On plonge en plein dans le pardon tiède. On aurait eu qu’à se laisser aller pour penser que le monde peut-être, venait enfin de se convertir à l’indulgence. On y était soi presque déjà.
Voici un des sens de « tiède » : TLF : [Par métonymie ; en parlant d’un comportement, d’une manière de sentir ou de penser] Où se manifeste peu d’ardeur, d’enthousiasme. Antonyme : ardent, chaleureux.Accueil un peu tiède; applaudissements, encouragements tièdes; tiède compromis; sentiments tièdes; dévotion, foi tiède.
Il est donc normal d’associer l’adjectif « tiède » à un comportement, ici l’attitude de pardon et l’état d’esprit qu’il suppose. Aucune figure de style donc.
En revanche, on a une métaphore discrète avec les termes « on plonge » et « en plein ». Cette métaphore s’inscrit dans l’ambiance sensuelle créée notamment* par ces autres mots : « bon », « doux », « chaud », « tendres », chauffée », « cuisses » .
*Oui, notamment, car le jeu des sonorités, la structure des phrases, l’abondance des adverbes, le rythme, tout concourt à cette ambiance.
Merci
Je ne parlais pas de contradiction parlant du pardon mais je me posais la question d une hypallage dans la mesure où on pouvait entendre un plein pardon au lieu de en plein pardon
Je ne comprends pas votre réponse concernant la première partie de la question.
En parlant des rêves cochons dire les cochons, est ce une anaphore de rêves? Ou comment nommer le fait de qualifier un substantif ici rêves par son adjectif qui devient substantif : les cochons
Merci
Une anaphore est une répétition : vous n’avez pas cité ce terme dans votre question.
Anaphore : répétition d’un mot en tête de plusieurs membres de phrase, pour obtenir un effet de renforcement ou de symétrie.
Supprimer le nom commun et désigner un objet par un adjectif qui le caractérise : ellipse plutôt réservée à l’oral, donc parfait pour Céline.
– Veux-tu les dossiers ? les (dossiers) complets seulement
Je ne pense pas que la phrase de Céline soit une hypallage, ni en « plein pardon tiède ».
Il faut plusieurs mots pour qu’il y ait ce type de figure de style.
Un « plein pardon tiède » pourrait un oxymore (rapprochement de deux termes opposés).
Une antithèse rapproche des expressions opposés au sein d’une phrase.
Pour fragile et ferme, il faudrait voir quel est le contexte.
Dans votre exemple, on est dans un cas très simple : un substantif « cochon » est utilisé comme adjectif et c’est tout.
S’il vous faut un terme spécifique pour désigner cela, le voici : on parle de dérivation impropre (je n’aime pas trop cette nomenclature qui peut porter à confusion).
On a le cas par exemple avec citron : elle porte un ciré citron où le nom « citron » est pris comme adjectif (remarquez qu’il ne s’accorde pas).
Il est des cas où on oublie que le mot servant d’adjectif est un nom et alors il y a lexicalisation.
Par exemple, le nom « vilain » était à l’origine un nom signifiant paysan. Il est maintenant devenu adjectif et s’accorde avec le nom qu’il qualifie. C’est le cas de « rêves cochons » : il y a eu lexicalisation.
Kind a écrit : Je ne parlais pas de contradiction parlant du pardon mais je me posais la question d une hypallage dans la mesure où on pouvait entendre un plein pardon au lieu de en plein pardon
Hypallage : Figure de style qui consiste à attribuer, à un ou plusieurs mots d’une phrase, ce qui convient à d’autres (sans qu’il soit possible de se méprendre sur le sens de cette phrase). TLF« La chambre est veuve » – Apollinaire – Alcools – Hôtels
« Quand Octobre souffle… son vent mélancolique » – Baudelaire – Les Fleurs du mal – La servante au grand cœur
L’utilisation des adjectifs « veuve » et « mélancolique », qui ne s’appliquent sémantiquement qu’à l’homme et non à des éléments concrets, constitue une hypallage.
en plein pardon : c’est la métaphore (que j’ai qualifiée plus haut de discrète) qui amène cette préposition. Mais le sens de « en » peut fort bien s’accommoder d’autre chose que de lieu : il est en pleine méditation.
Ayme a écrit : La deuxième question ne porte absolument pas sur « un rapprochement de termes opposés » mais sur une éventuelle hypallage.
Tara a écrit : Pour ce qui concerne « plein pardon tiède » je ne vois ici aucun rapprochement de termes opposés.
Or
Joëlle avait écrit : un « plein pardon tiède » pourrait un oxymore (rapprochement de deux termes opposés).
Ayme a écrit : Pourquoi répondre en vingt lignes à la question de savoir si c’est une hypallage ou non sans jamais aborder la notion d’hypallage
Or Tara a écrit : Hypallage : Figure de style qui consiste à attribuer, à un ou plusieurs mots d’une phrase, ce qui convient à d’autres (sans qu’il soit possible de se méprendre sur le sens de cette phrase). TLF« La chambre est veuve » – Apollinaire – Alcools – Hôtels« Quand Octobre souffle… son vent mélancolique » – Baudelaire – Les Fleurs du mal – La servante au grand cœur
Il devient très difficile d’échanger avec le bouleversement chronologique des réponses.
– attention à cette propension à voir des figures de style partout
-J’avais mal compris cette question : Je ne sais pas comment on nomme la figure de style qui consiste à réduire le substantif à son adjectif : est-ce une figure de style ? On substantive un adjectif, c’est tout et c’est extrêmement courant : Tu préfères les homme bruns ou blonds . Je préfère les petits.
Il s’agit d’une dérivation impropre (ou conversion) :
le mot change de catégorie grammaticale sans aucune modification formelle. Elle est considérée comme un C’est tout au plus un procédé et un des plus productifs en français moderne.
– Est ce que des qualificatifs contrastés tels que par ex fragile et ferme sont une antithèse ou seulement une opposition ?Il est tout bonnement impossible de répondre à cette question car on ne peut avoir opposition ou antithèse que dans un énoncé. Les mots » fragile » et « ferme » sont des antonymes possibles et c’est tout.
– quant à l’hypallage, il me semblait suffisant d’en donner une définition
Est ce qu’on peut voir une hypallage dans « en plein pardon tiède » qui pourrait être en fait « un plein pardon »?
La réponse est nette : non. On a seulement une métaphore où un état d’esprit devient une matière sirupeuse.
On associe à un mot ce qui reviendrait à un autre. En d’autres termes il y a échange de termes
L’hypallage n’est pas une figure d’analogie. Ou, du moins, si elle aboutit parfois à un effet quasi métaphorique, c’est par un mécanisme linguistique différent de l’analogie : la faculté de s’écraser n’est pas une ressemblance de l »odeur avec la menthe, celle de vibrer une ressemblance de la blessure avec la flèche ; Verlaine et Jammes ont seulement pu attribuer ces caractérisations à ces noms (improprement) parce qu’elles sont suggérées par des mots figurant dans le voisinage immédiat ou qui pourraient y figurer, elles leur sont appliquées par déplacement dans la chaîne de l’énoncé et non par ressemblance. On retrouve là la différence classique entre la métaphore et la métonymie . L’hypallage est un cas particulier de la métonymie.
Glossaire stylistique – effets expressifs de l’hypallage Hypallage
Ayme a écrit : Parmi mes rêves, j’ai retenu les plus beaux. On choisit parmi les rêves, pour moi les cochons.
On n’a pas ici réduit le substantif à son adjectif, mais juste utilisé un pronom.
Ce n’est pas particulièrement une figure de style, c’est l’utilisation ordinaire des pronoms.
Vous pouvez appeler ce procédé pronominalisation s’il faut un mot.
Il semble nécessaire, parce que ces messages sont lus, de rappeler ce qu’est un pronom.
Le pronom est un mot-outil(mot dont le rôle syntaxique est plus important que le rôle sémantique) variable dont le rôle principal est de se substituer à un élément quelconque, linguistique ou non. Le pronom est donc avant tout un représentant.
– les plus beaux : adjectif « beau » au superlatif substantivé : ce n’est pas un pronom
– les cochons : on a ici un adjectif (qui lui même est passé de la classe grammaticale nom à celle d’adjectif) qui est substantivé (il ne s’agit pas de porcs).
A moins, Ayme, parce que vous avez mis en gras les mots « les » , que ce soient eux que vous considérez comme des pronoms? Ces deux « les » > les plus beaux – les cochons sont des déterminants.