La pomme qu’ils m’ont enlevé(e) des mains ?
Bonjour, je ne trouve pas d’exemples typiques de ces cas d’accord dans mes ouvrages de référence : s’agit-il de cas ambigus ? Comment décrire le problème posé par cette syntaxe ?
1. La pomme qu’ils m’ont enlevé(e) des mains.
2. L’impression que ce voyage m’a donné(e) de l’état d’esprit des autochtones.
Bonjour, non, pas d’ambiguïté dans ces deux cas, nous sommes dans la construction classique « la chose que j’ai faite » (vous pouvez retenir par cœur cette phrase type) : les belles paroles que vous avez dites, les aventures qu’ils ont vécues, les bonbons que je vous ai apportés, etc. La présence d’un complément (comme dans les phrases que vous proposez) ne change pas l’accord : les livres que j’ai offerts (à Denise), la pomme qu’ils m’ont enlevée (des mains), l’impression que ce voyage m’a donnée (de l’état d’esprit des autochtones). En revanche, la présence d’un verbe à l’infinitif après le participe passé peut effectivement présenter une ambiguïté : la robe que j’ai faite mais la veste que j’ai fait faire, la part de gâteau que j’ai voulue mais la part de gâteau que j’ai voulu manger et le très délicat la pianiste que j’ai entendue jouer mais la sonate que j’ai entendu jouer.
Merci ChristianF.
Entre-temps, j’ai trouvé chez Jouette des cas assez proches, qui me laissent tout de même dans le doute (« Participe passé suivi d’un attribut de l’objet »).
Confirmez-vous qu’il n’y a pas lieu de se demander si « enlever des mains » peut s’analyser comme une sorte de locution où l’objet de l’attribut serait indissociable du verbe ? (Type : « Ils les ont passé sous silence », exemple d’invariabilité donné par Jouette).
Et dans le deuxième cas, ne doit-on pas se demander si le COD est distribué entre « (L’impression) que » et « de l’état d’esprit… », c’est-à-dire qu’une partie du COD serait placée après le participe, et ferait donc basculer le cas dans l’invariabilité ?
Je penche également pour accorder ces deux participes, mais je garde une impression d’ambiguïté syntaxique en poursuivant la lecture de chaque phrase. En même temps, oui je suppose que si ces cas étaient complexes, on les retrouverait exposés plus typiquement dans les manuels. C’est peut-être seulement un cas de surchauffe de mon cerveau (j’arrive bientôt au bout d’un gros paquet d’épreuves un peu ardues à corriger).
Rebonjour Hypercorrect, à la lecture de votre analyse, je me rends compte que ma réponse a dû vous sembler quelque peu basique, voire naïve (j’espère néanmoins qu’elle pourra être utile à d’autres lecteurs… 😎). Je vous confirme néanmoins que pour moi, il n’y a aucune ambiguïté dans les deux phrases que vous avez citées : « enlever des mains » ne me semble pas être une locution de nature à justifier une éventuelle invariabilité du participe passé (au passage, malgré tout le respect que je dois à l’éminent André Jouette, je reste pour ma part extrêmement sceptique — pour ne pas dire plus — sur la supposée invariabilité du participe passé dans ils les ont passé [sic][aïe !]sous silence). Et pour la deuxième phrase, de l’état d’esprit des autochtones est pour moi simple complément du nom impression, ce dernier étant le seul COD de donnée (à ma connaissance, il n’existe pas dans la grammaire française de notion de « distributivité » du COD, ce qui est heureux, celle-ci — la grammaire — étant déjà suffisamment complexe 😉 ).
Encore merci, ChristianF ! Disons que ma question n’était pas suffisamment développée 🙂
(Je crois que certains grammairiens fous n’hésiteraient pas à considérer que le COD a cette étrange faculté de passer éventuellement de l’autre côté du participe, si ledit COD a été incomplètement antéposé, laissant échapper l’essentiel du sens derrière le participe…)
1. La pomme qu’ils m’ont enlevé(e) des mains.
2. L’impression que ce voyage m’a donné(e) de l’état d’esprit des autochtones.
Je pense qu’il faut s’en référer au sens.
1. cette pomme a bien été enlevée d’un endroit.
2. Une impression a bien été donnée. A moi. Impression au sujet de l’état etc.
Il les a passé sous silence (les événements par exemple)
Est-ce que les événements ont été passés ?
Il me semble qu’on les a tus.
Et c’est là que je rejoins Christian : pourquoi ne pas faire l’accord avec le verbe au centre de la locution verbale ? comme on fait l’accord avec « taire » ?