« qui profites de mon absence pour grandir sans moi »
Bonjour,
Y a-t-il une répétition, un pléonasme, dans la phrase suivante ?
« Toi, ma petite sœur, qui profites de mon absence pour grandir sans moi. »
(On pourrait peut-être supprimer « sans moi », sous-entendu avec « mon absence », mais la phrase garderait-elle tout son sens ? Est-ce que ça ne diminuerait pas « l’intensité du message » ?)
Merci 🙂
Bonjour BBFolk et Joelle, pour ma part cette phrase ne me gêne pas du tout. Il est vrai que « mon absence » et « sans moi » évoquent la même idée, mais je n’y vois pas à proprement parler de pléonasme, il y a bien sûr une certaine redondance mais je la prends plutôt comme un effet de style volontaire visant à renforcer l’idée de « manque » (procédé couramment employé en littérature ou en poésie).
Dans ce cas, il s’agit, à mon sens, d’un pléonasme dit « vicieux », comme monter en haut. Rien à voir avec avec la figure de style «Je l’ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu ».
A moins que vous ne soyez un grand écrivain, cela ne passera guère…
Prince, il faut se méfier des » faux pléonasmes »… Votre réflexion me fait penser à une discussion qui s’était tenue ici à propos de la mention sur un panneau : « Accès interdit aux personnes non autorisées » qui à première vue prêtait à rire car tout le monde y voyait un pléonasme évident (puisque si quelque chose n’est pas autorisé, il est évidemment interdit et vice versa). Mais après analyse, il s’est avéré que cette formulation avait beau avoir le goût et la couleur du pléonasme, elle n’en était en fait pas un dans la mesure où autorisé dans la locution « personnes autorisées » n’était pas utilisé en tant que contraire de interdit, mais en tant que synonyme de habilité. À mon avis, nous sommes ici dans un cas très similaire : dans la phrase proposée par BBFolk, l’expression « sans moi » n’est pas nécessairement employée dans le même sens que « en mon absence » (physique) mais plutôt, comme le suggère Tara, dans le sens (plus spirituel) de « sans mon aide ». Les deux vont évidemment dans le même sens mais ne font pas double emploi, on peut au contraire trouver qu’ils se complètent et se renforcent mutuellement. Pour ma part donc, cela « passe très bien », que cette phrase ait ou non été écrite par un « grand écrivain »…
Il ne me semble pas qu’il y ait pléonasme.
Toi, ma petite sœur, qui profites de mon absence pour grandir : la petite sœur grandit pendant l’absence du narrateur. Le « qui profites » exprime un effet de surprise et un ton de reproche plaisant.
sans moi : sans mon aide; est ici pour signifier que le narrateur n’a pu lui apporter l’aide que peut-être il aurait voulu ou qu’il se serait attendu à devoir lui apporter.
Entendu ainsi, il ne s’agit pas d’une croissance uniquement physique.
Chacun des termes choisis, dans cette portion de phrase, est teinté d’affection et de mélancolie, d’où les échos : toi >ma petite sœur > qui – mon absence > sans moi.
Je serais plutôt d’accord avec ChristianF ; en y réfléchissant davantage, je trouve que la phrase n’a pas la même « portée » sans « sans moi ». Elle en profite pour « grandir sans moi », comme on dirait : « qui profites de mon absence pour faire des choses sans moi » (elle ne profite pas du fait qu’il soit absent pour faire des choses [ce qu’elle pourrait faire même en sa présence], mais pour faire des choses sans lui, « tranquillement », « sans l’avoir sur son dos » ; dans ce cas-là, on distingue bien une différence)
Qu’en pensez-vous ? Joelle, ne voyez-vous pas dans ce cas une différence ? (elle profite de son absence pour grandir sans lui/sans l’avoir sur son dos toute la journée)
Vous êtes libre bien sûr libre de vos effets d’insistance s’ils vous semblent importants pour le sens… Et si vos lecteurs le perçoivent ainsi. Donc cela dépend du contexte et du style. Ma remarque s’entendait sur le plan général puisque vous avez attiré notre attention sur les redondances. Pour moi, il y a bel et bien redondance.
Merci pour votre avis 🙂
En fait, je crois que cela dépend du contexte et de l’intention de l’auteur.
Bonjour à tous,
Ici, « Toi, ma petite soeur, » ne m’apparaît pas fautif.
C’est une figure de style appelée apostrophe. Ces quatre mots sont des « mots mis en apostrophe. » J’en ai parlé ici.
BBFolk fait de l’apostrophe sans le savoir (c’est tout !), comme qui vous savez faisait de la prose sans le savoir.
Bonjour,
La question ne portait pas sur « toi, ma petite sœur », qui ne me posait pas de problème, mais sur la redondance ou non de « mon absence/sans moi ».
🙂
Sans moi signifie ici « sans mon aide ». Du coup, pas de pléonasme.
Est-ce que ça ne diminuerait pas « l’intensité du message » ?
Surtout, il n’aurait pas le même sens.
Toi, ma petite sœur, qui profites de mon absence pour grandir.
mon absence = sans moi
Vous avez raison d’éviter le pléonasme en français courant, c’est une redondance. Cela n’apporte rien.