Participe passé
La somme que cette réparation a coûté était très grande.
J’aurais mis « coûtée » car cela répond à la question quoi et non combien ? qu’en pensez-vous ?
Merci, y a-t-il beaucoup de verbes de ce genre ?
Bonsoir Manuel,
Nous sommes ici devant des cas difficiles. Parfois les deux accords sont possibles selon l’interprétation. D’éminents auteurs ont tranché et fait des choix cohérents avec la règle.
Par ex., pour Jacques de Lacretelle, aux années qu’elle avait vécu signifie « au nombre d’années, « à toutes les années », ce qui justifie l’invariabilité.
Anatole France, quant à lui, estime, à juste titre, que dans les heures qu’elle avait vécues…il n’y a pas de complément adverbial de mesure ; ce qui explique la variabilité de vécues. Mais il est vrai que l’on peut parfois choisir l’une ou l’autre de ces interprétations.
Pour votre question, “la somme que cette réparation a coûté(e) était grande”, les deux sont possibles. En effet, on peut considérer “somme” comme un complément adverbial de mesure qui répond à “combien” ou comme complément d’objet direct qui répond à la question “quoi”. Personnellement, j’aurais une préférence pour l’accord ici, car on aurait plus facile à répondre à la question “quoi” que “combien”.
Exemples :
– La somme que cette maison a coûtée (cette maison a coûté quoi ? “la somme”)
– La somme que cette maison a coûté (cette maison a coûté combien ? “la somme” m’ouais, c’est vite fait .. On voit bien que ça ne colle pas ici. Il s’agit plus du sens figuré.
Il en aurait été autrement dans une phrase du genre :
– Les 100 000 euros que cette maison a coûté (cette maison a coûté combien ? 100 000 euros ; aucun souci ici, ça colle)
Pour répondre à votre seconde question, il y a plusieurs verbes de ce genre. Les verbes tels que valoir, peser, mesurer, marcher, courir, régner, durer et reposer suivent la même règle.
Exemples :
– Les dix grammes que cette lettre a pesé (combien ?)
– Les vingt minutes que j’ai couru (combien ?)
– Les 10 ans qu’il a régné (combien ?)
Par contre au sens figuré accord :
– Les paquets que j’ai pesés (quoi ?)
– Les dangers que j’ai courus (quoi ?)
Pour conclure, le p.p. reste invariable lorsqu’il s’agit d’un complément de mesure. Il varie quand il s’agit du sens figuré. Cependant, il y a des verbes où la variabilité et l’invariabilité sont possibles selon l’interprétation qu’on en fait ; c’est le cas que je cite avec Jacques de Lacretelle et Anatole France pour le verbe “vivre” ; le Bon usage d’ailleurs cite autant d’exemples d’invariabilité que de variabilité à ce sujet. Mais c’est aussi le cas pour le verbe “dormir” qui en est une exception. L’accord du p.p. est possible, on lit chez Zola : Il songeait […] aux nuits tièdes qu’il avait dormies sur sa poitrine blanche. L’Académie française accepte cet accord.
Bonne nuit. 🙂
Le clown qui me submerge de – 1 devrait enrichir sa culture pour la langue française, car elle ne doit pas être top … 🙂
Merci, j’ai beaucoup apprécié votre explication car je m’en doutais un peu. Par contre ce qui m’embête c’est que je suis sûr que dans un test officiel cette réponse serait comptée comme fausse, ne pensez-vous pas ?
Manuel, vous avez raison dans un test officiel du moins dans un championnat d’orthographe, de grammaire, je pense que ce serait compté comme faux. Mais sincèrement injustement car les auteurs sont partagés et l’Académie admet ce que je vous ai dit. Pour ma part, même un texte officiel, j’écrirais comme je le pense et si on me comptait faux, je justifierais mes réponses et citant mes références. Par ex., je viens de terminer la rédaction d’un mémoire, parfois mon superviseur me corrigeait des accords corrects, donc j’ai dû justifier mes accords plus d’une fois (c’était drôle 😄). Mais à la rigueur, je vous suggère de suivre l’usage et de ne pas accorder nonobstant les références que je vous ai citées si vous ne voulez pas avoir à vous justifier.
Non, elle ne répond pas à la question quoi ? Elle a coûté combien ? une certaine somme. Donc, pas d’accord :
La somme que cette réparation a coûté…