Accord avec «avoir»
Je m’adresse à une fille lorsque je lui écris : « je t’ai laissé continuer […] » faut-il accorder « laisséE » ?
Tout comme je l’accorderais s’il s’agissait d’un objet : « je l’ai laissée ici » (ex : une serviette) ou est-ce que je me trompe dans les deux cas ?
Merci, et bonne journée à vous tous
Vous avez le choix d’appliquer ou non les rectifications proposées par le Conseil supérieur de la langue française en 1990.
Si vous choisissez de les appliquer, le participe passé laissé reste systématiquement invariable devant un infinitif (comme pour fait + infinitif), et vous n’avez plus de questions à vous poser : Je t’ai laissé continuer.
Sinon, les règles traditionnelles s’appliquent : le participe passé s’accorde avec le complément d’objet direct qui précède si l’objet désigné par ce complément effectue l’action exprimée par l’infinitif. En l’occurrence, le pronom t’ désigne une fille, qui fait l’action de continuer. On accorde donc : Je t’ai laissée continuer. Cela n’aurait pas été le cas avec la phrase Les murs qu’il a laissé envahir par le lierre, par exemple, parce que les murs ne font pas l’action d’envahir.
On peut noter que l’usage est flou, et que la règle générale n’est souvent pas respectée, y compris par plusieurs grands auteurs.
Si vous me permettez d’appuyer votre commentaire avec un lien vers le blog du projet voltaire :
http://www.projet-voltaire.fr/blog/regle-orthographe/%C2%AB-les-enfants-que-j%E2%80%99ai-entendu-crier-%C2%BB-%C2%AB-les-enfants-que-j%E2%80%99ai-entendus-crier-%C2%BB
L’accord du participe passé avec le verbe avoir ce fait si ce dernier est précédé du COD.
Une simple question permet de savoir où se situe ledit COD, dans vos exemple.
Cependant, avec la nouvelle réforme de 1990, les participes passés des verbes faire et laisser qui sont suivis d’un infinitif reste invariable.
Donc pour reprendre vos deux exemples :
– Je t’ai laissé continuer […] (que la personne soit de sexe masculin ou féminin).
– Je l’ai laissée ici (j’ai laissé QUOI ? la serviette => le COD précède bien le verbe, il y a donc accord).
Source : http://la-conjugaison.nouvelobs.com/regles/orthographe/l-accord-du-participe-passe-laisse-devant-un-infinitif-182.php
Il faut effectivement accorder et mettre un e.
Bonjour,
Pour ma part, c’est avec l’expression « laisser tomber quelqu’un ou quelque chose », dans le sens de « abandonner », que l’accord me pose problème. Dans la phrase « Je ne t’ai jamais laissé/laissée tomber » où la personne qui parle s’adresse à une femme, comment accorder ? Il est évident que la dame ne fait pas l’action de tomber. Je n’accorderais pas, mais j’ai un doute. Merci de me donner votre avis.
Bonjour Azucena
Quand vous n’arrivez pas à trancher (concernant « laisser + infinitif), rappelez-vous que, comme dit plus haut, les rectifications de 1990 vous permettent de ne pas faire l’accord, dans tous les cas.
Pour ma part, dans votre exemple, je pense que c’est bien la femme en question qui « tombe », au sens figuré. Donc l’accord est possible (=j’ai laissé toi tomber, toi faisant l’action de tomber ; comme je t’ai laissée mourir, si « toi est une femme).
Bonjour Evinrude,
Merci pour votre rapide réponse. Effectivement, je me range à votre opinion, je laisserai… « laissée » comme cela m’était instinctivement venu sous les doigts…
En ce qui concerne les rectifications de 1990, je ne pense pas les appliquer un jour, ou alors il faudrait que cela fût cohérent, c’est-à-dire à 100 % et pas seulement là où cela me simplifierait la tâche. Je pars en effet du principe que si je me sers de cet « arrangement », je dois aussi écrire, en toute logique, « connait », « apparait », « ognon »., « évènement »… et cela, à vrai dire, je ne le peux pas ! C’est une réaction presque épidermique et il en faudrait peu pour que cela me donnât des boutons (sans doute à cause du nombre de fois où j’ai dû copier et recopier des lignes de mots correctement orthographiés – à l’ancienne – dans mon enfance…) 😉
Encore merci.
Passez une excellente journée !
Pour ma part, je suis moins « sérieuse » que vous, j’adopte ce qui m’arrange. Si j’ai bien compris, les « rectifications » n’entreront vraiment dans la langue que lorsqu’elles auront été majoritairement adoptées. Et il me semble que les refuser pour infliger aux générations futures les mauvais traitements que vous avez subis, c’est un peu sadique non ? 😀