Question sur la concordance des temps
Est-ce que cette phrase est correcte car j’ai un doute sur la concordance des temps:
« L’un comme l’autre ne verraient aucun inconvenient à ce que les conférenciers officiels fussent remplacés par d’autres personnes, du moment que ceux-ci parlassent français. »
Merci
« Du moment que »
Entre marquer la cause et la condition, la limite est floue, puisque la cause est une condition réalisée.
Je vous suggère pourtant de mieux formaliser cette limite, en utilisant « du moment que » avec l’indicatif pour la cause (une condition supposée remplie) et « pourvu que » avec le subjonctif pour la condition ouverte.
Cause, condition remplie :
— Ils acceptèrent les nouveaux conférenciers, du moment qu’ils parlaient français.
Condition à remplir :
— Ils pouvaient accepter les nouveaux conférenciers, pourvu qu’ils parlassent français.
Il n’est pas complètement interdit d’écrire « du moment que + subjonctif » pour donner une condition marquée dans le temps, mais cette tournure est réputée populaire et on ne la trouve à l’écrit que depuis le XXe siècle. En pratique, elle n’est donc pas concevable avec un subjonctif imparfait.
Concordance des temps
— Ils acceptent que les conférenciers soient remplacés pourvu qu’ils parlent français.
— Ils acceptèrent que les conférenciers fussent remplacés pourvu qu’ils parlassent français.
Cette transposition au passé montre que vos verbes au subjonctif imparfait sont bien conjugués.
Mais transposer au passé n’est pas votre intention.
Quel temps après un conditionnel présent ?
Le conditionnel présent n’introduit aucune nuance de passé. Il y a même une notion de futur dans la subordonnée.
— Ils veulent que je vienne : indicatif présent + subjonctif présent
— Ils voudraient que je vienne : conditionnel présent + subjonctif présent
Le « voudraient » atténue le « veulent », et alors ? le temps de la subordonnée n’a aucune raison de passer du présent au passé.
— Ils acceptent que le conférencier soit remplacé.
— Ils pourraient accepter que le conférencier soit remplacé.
— Ils ne verraient aucun inconvénient à ce que le conférencier soit remplacé.
Indicatif présent ou conditionnel présent, il n’y a aucune notion de passé ou de quelconque irréalité, gardez la subordonnée au subjonctif présent.
Quatre possibilités
En croisant les temps (présent / passé) et les conjonctions (du moment que / pourvu que) :
— Ils ne verraient aucun inconvénient à ce que les conférenciers officiels soient remplacés par d’autres personnes, du moment que celles-ci parlent français.
— Ils n’auraient vu aucun inconvénient à ce que les conférenciers officiels fussent remplacés par d’autres personnes, du moment que celles-ci parlaient français.
— Ils ne verraient aucun inconvénient à ce que les conférenciers officiels soient remplacés par d’autres personnes, pourvu que celles-ci parlent français.
— Ils n’auraient vu aucun inconvénient à ce que les conférenciers officiels fussent remplacés par d’autres personnes, pourvu que celles-ci parlassent français.
Le subjonctif imparfait est-il possible hors d’un contexte passé ?
Oui, pour exprimer l’hypothèse, l’irréel (une hypothèse peu plausible, une théorie, un cas limite, une improbabilité).
— Un homme, fût-il un géant, ne pourra jamais toucher la lune.
— Si le soleil disparaissait, ils ne verraient aucun inconvénient à ce que la lune le remplaçât.
On voit dans le second exemple qu’un conditionnel peut s’inscrire dans cette situation d’irréalité. Il arrive donc que le conditionnel présent ouvre la possibilité d’un subjonctif imparfait à suivre, mais ce n’est en aucun cas pour une raison mécanique de concordance des temps. C’est simplement parce que le cadre de ce conditionnel est une hypothèse peu probable.
Votre conditionnel présent crée-t-il cet univers hypothétique ?
Non. Dans votre phrase, « ils ne verraient aucun inconvénient à ce que » signifie « ils pourraient accepter que », « ils seront probablement d’accord pour que »… et ne crée aucun contexte d’improbabilité, mais bien au contraire nous présente une forte probabilité. Le conditionnel présent n’a jamais appelé un subjonctif imparfait au motif d’une concordance des temps. Ce serait une faute ici que d’utiliser le subjonctif imparfait.
Voici ma suggestion avec corrections et allégements et suppression des imparfaits du subjonctif :
L’un comme l’autre ne verraient aucun inconvénient à ce que les conférenciers officiels fussent (ou soient) remplacés par d’autres personnes, parlant français.
On admet d’alléger aujourd’hui la concordance des temps en remplaçant l’imparfait par le présent du subjonctif, c’est moins strict mais c’est plus courant.
joelle
La reprise de « personnes » par un pronom : celles-ci et non ceux-ci